Les émotions : les comprendre pour mieux les gérer

et améliorer son quotidien !

Les émotions jouent un rôle crucial dans notre vie quotidienne. En mettant en lumière nos besoins essentiels, elles agissent comme un baromètre interne, nous alertant sur notre état émotionnel face à diverses situations. Les émotions agréables  nous signalent que nos besoins sont satisfaits tandis que les émotions désagréables nous  indiquent que certains besoins ne sont pas comblés. Les émotions sont également au coeur de nos de notre besoin de relations interhumaines. 

Exemples concrets du rôle des quatre émotions de base

La peur ; parce qu’une voiture, par exemple, m’a refusé la priorité.

  • Joue un rôle d’alerte face aux dangers potentiels.
  • Permet une réaction rapide pour assurer notre sécurité.

 La colère, par exemple, parce qu’on m’en demande d’en faire toujours plus au travail  

  • Sert d’intimidation pour prévenir les conflits.
  • Prépare à l’action en cas d’agression.
  • Indique que nos besoins de respect et de sécurité sont menacés.

 La tristesse, par exemple, parce que ma meilleure amie déménage loin d’ici

  • Favorise la création ou le renforcement de liens sociaux en suscitant le soutien d’autrui.
  • Encourage l’introspection pour nous inciter à réévaluer nos objectifs ou nos valeurs.

La joie, comme lorsque je passe du temps avec mes proches.

  • Exprime la satisfaction de nos besoins de proximité et d’échange.
  • Active le circuit neuronal de la récompense, nous encourageant à reproduire les actions associées.

Si l’histoire des émotions se base sur les recherches de plusieurs chercheurs comme Charles Darwin ou Paul Ekman qui tentèrent de démontrer qu’il existe des émotions fondamentales qu’il est possible de retrouver chez tout être humain, plusieurs catégories d’émotions existent aujourd’hui. L’on peut distinguer : 

  • Les émotions simples : Ce sont les émotions de base, considérées comme universelles. Il s’agit de : la joie, la tristesse, la peur, la colère. On cite également : la surprise et le dégoût.
  • Les émotions complexes : Elles résultent d’une combinaison d’émotions simples et sont plus nuancées. Par exemple, la jalousie ou le ressentiment.
  • Les émotions instinctives (de l’amygdale) : Ce sont des réactions rapides et automatiques, comme la peur face à un danger immédiat. Elles impliquent principalement l’amygdale et le système limbique du cerveau.
  • Les émotions cognitives : Elles font intervenir une évaluation consciente de la situation et impliquent davantage le cortex cérébral. Par exemple, l’anxiété liée à une future présentation.

Les sentiments

Les émotions sont des réactions intenses et spontanées à des stimuli externes ou internes tandis que les sentiments correspondent à des expériences émotionnelles plus durables et complexes qui sont plus facilement influencées par nos pensées, nos croyances et notre expérience personnelle.

De la même manière, émotions et sensations entretiennent des rapports étroits : les émotions peuvent engendrer des sensations physiques dans le corps (battements de cœur accélérés, respiration rapide, tensions musculaires, …), inversement, les sensations peuvent influencer nos émotions (des stimuli agréables peuvent déclencher des émotions positives telles que la joie ou le contentement)

Par exemple :

Le pessimisme provient d’un sentiment de tristesse que l’on anticipe ou que l’on projette dans un avenir proche (Pessimisme = Tristesse + anticipation). Inversement, l’anticipation et la joie forment l’optimisme. (Optimisme = joie + anticipation). L’amour peut être envisagé comme une émotion de joie que l’on ressent pour une personne de confiance (Amour = joie + confiance). 

Le mépris résulte quant à lui de deux émotions de base : le dégoût et la colère. Être en colère contre ce qui nous dégoûte nous fait adopter une attitude méprisante. 

Enfin, dernier exemple : bien comprendre l’anxiété c’est se rendre compte qu’elle résulte surtout d’une ou de plusieurs peurs anticipées ou fantasmées. Anxiété = peur + anticipation

Les troubles de la perception émotionnelle

L’expérience nous enseigne que négliger ses émotions peut être dommageable, même si certains les perçoivent comme des obstacles. Parallèlement, se fier uniquement à la raison n’est pas non plus la solution idéale. Il convient donc de s’interroger : quelles seraient les conséquences d’une absence totale d’émotions ? À l’inverse, que se produirait-il si nous étions complètement submergés par nos ressentis ?

Deux troubles émotionnels vont retenir notre attention. Ils englobent deux extrêmes : l’alexithymie (difficulté à ressentir des émotions) et l’hypersensibilité émotionnelle. Ces conditions affectent profondément la façon dont les individus ressentent, interprètent et expriment leurs émotions, influençant ainsi leurs interactions sociales et leur bien-être général.

Alexithymie

L’alexithymie se caractérise par une difficulté marquée à identifier et exprimer ses propres émotions, ainsi qu’à reconnaître celles des autres. Les personnes alexithymiques présentent souvent :

  • Un manque d’empathie
  • Un sentiment de vide intérieur
  • Des réactions agressives ou des colères soudaines
  • Une absence de plaisir dans des situations normalement agréables

Cette condition peuvent mener à l’isolement social, car l’incapacité à comprendre et à partager les émotions entravent les relations interpersonnelles.

Paradoxalement, la colère demeure l’une des rares émotions que les alexithymiques ressentent ! C’est certainement que sa manifestation, comme mécanisme de défense et de protection, souligne un rôle fondamental de survie ! 

Hypersensibilité émotionnelle

À l’opposé, l’hypersensibilité ou hyperémotivité se manifeste par une réactivité émotionnelle excessive. Les personnes hypersensibles peuvent éprouver :

  • Des émotions d’une intensité disproportionnée
  • Des états émotionnels prolongés
  • Des réactions émotionnelles inadaptées au contexte
  • Une tendance à amplifier les ressentis
  • Des réactions intenses face à des stimuli émotionnels
  • Une instabilité émotionnelle avec des changements d’humeurs fréquents

Cette hypersensibilité peut affecter négativement les relations sociales, car les individus concernés sont plus vulnérables aux critiques et aux jugements extérieurs, même lorsqu’ils sont constructifs.

De plus, leur empathie accrue peut les amener à absorber les émotions environnantes, augmentant leur niveau d’anxiété.

Impact sur la qualité de vie

Dans les deux cas, ces troubles de la perception émotionnelle peuvent significativement altérer la qualité des relations humaines et le bien-être personnel.

Que ce soit par un manque de connexion émotionnelle ou par une réactivité excessive, ces conditions compliquent les interactions sociales et peuvent mener à l’isolement ou à des difficultés d’adaptation dans divers contextes de la vie quotidienne. Voilà pourquoi il est important d’apprendre à bien vivre avec ses émotions ! 

L’importance de la compréhension émotionnelle

Les émotions sont des réactions complexes impliquant à la fois le corps et l’esprit. Bien qu’elles prennent racine dans les profondeurs de notre être, elles sont fréquemment filtrées et transformées par le prisme de notre cognition ainsi que par notre analyse et notre capacité de raisonnement. Prenons un exemple : Lorsque je vois une personne pour laquelle j’éprouve une profonde affection, mon corps réagit instantanément. Mon rythme cardiaque s’accélère et ma respiration devient plus profonde. Cependant, l’interprétation que je fais de ces sensations physiques est également cruciale. Si mon cerveau associe ces symptômes à l’angoisse plutôt qu’à l’affection il va réagir par la fuite ou l’attaque provoquant ainsi une réaction totalement différente de ce qu’elle devrait être dans cette situation positive.

Comprendre le langage de nos émotions nous permet de mieux identifier nos besoins et d’y répondre de manière adéquate. Cette conscience émotionnelle est essentielle pour notre bien-être psychologique et nos relations interpersonnelles. Les émotions sont donc bien plus que de simples ressentis ; elles sont des guides précieux pour notre épanouissement personnel et notre adaptation à l’environnement, aux autres, à la société.

Le tableau suivant est une approche originale qui fait le lien entre les quatre émotions principales (peur, colère, tristesse et joie) et les besoins essentiels qui sont, d’après Maslow, le besoin de s’accomplir, le besoin d’estime, d’appartenance, de sécurité, et les besoins physiologiques. L’objectif est de faciliter l’analyse de la signification des  émotions en cherchant à les rapprocher de nos besoins fondamentaux.  

Tableau de synthèse émotions / besoins (Ivan Schmitt 2024)

 

Pour éclairer une manière d’utiliser efficacement ce tableau nous allons prendre l’exemple d’une dispute de couple. Imaginez un conflit avec votre partenaire puis commencez par identifier l’émotion dominante que vous avez ressentie pendant ou après la dispute. Par exemple, vous pourriez constater “Je me sentais principalement triste” (Tristesse, ligne des émotions).

Ensuite, explorez le lien entre cette émotion et vos besoins fondamentaux. Dans ce cas, vous pourriez réaliser : “En fait, je me sentais rabaissé, ce qui semble lié à mon besoin d’estime” (Besoin d’estime, colonne des besoins). Le tableau vous aide alors à comprendre que la dispute était peut-être alimentée par un sentiment d’impuissance (résultat tristesse / besoin d’estime). En l’occurrence vous pourriez vérifier qu’effectivement vous ressentiez bien une impuissance « à vous faire comprendre par votre partenaire ». La tristesse, donc, dans votre cas, renvoie bien à un besoin d’estime de soi, par le biais d’un sentiment d’impuissance.

Cette analyse éclaire la signification de votre tristesse et suggère une piste de réflexion : comment pouvez-vous renforcer votre estime personnelle ? Comment améliorer votre communication de manière à être mieux entendu ? De plus, vous pouvez examiner si d’autres émotions, comme la colère, étaient présentes durant la dispute. Ici encore, il s’agira de chercher à comprendre leur origine et leur signification en utilisant également le tableau.

En procédant ainsi, le tableau des émotions devient un outil précieux pour décoder vos réactions émotionnelles, identifier vos besoins non satisfaits et trouver des pistes de solution pour améliorer votre communication et votre bien-être.

La gestion des émotions : une clé pour l’intelligence émotionnelle

Pour améliorer la gestion de nos émotions il est important de reconnaître que chaque émotion est une réponse naturelle à un stimulus spécifique qu’il soit d’origine interne ou externe. Dès lors, il devient possible non seulement de rechercher une meilleure compréhension de nos ressentis mais également de développer une meilleure connaissance des émotions d’autrui. 

Attitudes à éviter :                           

  1. L’évitement : Fuir les situations émotionnellement intenses peut mener à la somatisation, où le corps exprime ce que l’esprit refuse de traiter.
  2. La négation : Ignorer ou minimiser ses émotions revient à nier une partie de soi-même. Cette habitude, souvent acquise durant l’éducation, peut être préjudiciable.
  3. L’exagération : Amplifier une émotion pour en tirer un avantage secondaire, plutôt que d’en comprendre la signification réelle.
  4. La substitution (ou “racket” en Analyse Transactionnelle) : Utiliser une émotion pour en masquer une autre ou pour manipuler son entourage, souvent de manière inconsciente.

Approches recommandées :

  1. Développer la conscience émotionnelle (Claude Steiner). Pour cela :  
    • J’identifie mes propres émotions
    • Je reconnaîs les émotions des autres
    • Je cherche à comprendre les causes de ces émotions
  2. Exprimer ses émotions : Le silence émotionnel peut créer des distances dans les relations. Chercher à exprimer ses émotions permettra donc non seulement d’améliorer ses relations mais favorisera également une bonne santé mentale et physique.
  3. Décoder le message des émotions : Chaque émotion, même douloureuse, porte un message important. L’interpréter correctement guidera nos actions pour prévenir des problèmes liés au stress émotionnel.

En cultivant ces approches, nous pouvons développer une meilleure intelligence émotionnelle, essentielle pour notre bien-être personnel et nos relations interpersonnelles.

Comment gérer les émotions négatives : un processus en 4 étapes  

Gérer les émotions négatives est essentiel à notre bien-être mental. Le processus suivant explore en quatre étapes les possibilités de transformer ces sentiments en croissance personnelle, en résilience.
 
  1. Identification de la situation
    • Repérez un moment où vous ressentez une émotion négative bloquante
    • Décrivez la situation en détail : ce que vous voyez, entendez et ressentez
    • Mettez des mots précis sur vos émotions et leurs manifestations physiques.
  2. Réflexion approfondie
    • Explorez la signification personnelle de vos émotions
    • Identifiez le message sous-jacent (ex: pour la colère, quel principe est transgressé ?)
    • Posez-vous des questions comme :

      “Si cette émotion devait m’avertir de quelque chose, de quoi s’agirait-il ?”
      “Si cette émotion avait un message positif à me communiquer, quel serait-il ?”

  3. Recherche de solutions
    • Envisagez de nouvelles façons de réagir : quel(s) autre(s) comportement(s) pourrais-je adopter face à cette situation ? 
    • Réfléchissez aux questions suivantes :

      “Quel changement cette émotion m’invite-t-elle à faire ?”
      “Comment puis-je agir pour éviter que cette émotion ne survienne à nouveau ?” 

  4. Mise en pratique mentale
      • Visualisez-vous adoptant le nouveau comportement choisi
      • Observez vos sensations et notez tout changement significatif
      • Projetez-vous dans une future interaction avec la personne concernée et imaginez votre nouvel état émotionnel

Ce processus permet de transformer une expérience émotionnelle négative en opportunité de croissance personnelle et de changement positif. 

Les émotions, bien loin d’être un fardeau, sont des trésors qui nous enrichissent en tant qu’êtres humains. En les accueillant avec bienveillance et en les régulant de manière constructive, nous favorisons notre développement personnel et renforçons notre résilience. Si notre société actuelle, souvent axée sur la performance et la productivité, nous incite parfois à refouler nos émotions, c’est pourtant en les exprimant de manière saine et en les intégrant à notre quotidien que nous pouvons développer une intelligence émotionnelle qui nous sera bénéfique dans tous les domaines de notre vie. Il est donc primordial d’éduquer (ou de s’éduquer soi-même)  à la gestion des émotions afin de se doter des outils nécessaires pour relever les défis de la vie et construire des relations harmonieuses.

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